Outre une nouvelle campagne gouvernementale, des aménagements réglementaires et des appels à recrutement institutionnels ou associatifs, les moyens mis en œuvre pour répondre à la pénurie de main-d’œuvre en Ehpad se multiplient. La crise explique l’urgence mais la problématique est ancienne.
Alors que le Gouvernement vient de lancer officiellement sa campagne de recrutement massif pour les emplois du grand âge « Un métier pour nous », la réglementation s’adapte déjà depuis le début de la crise pour en quelque sorte aider le secteur à enrichir ses ressources humaines et ne pas sombrer (lire l’article HOSPIMEDIA). Les actions concernées agissent directement ou indirectement sur les recrutements s’ajoutant aux dispositifs en place. Plus largement, un véritable arsenal pour l’emploi dans le secteur du grand âge semble se développer depuis plusieurs années déjà. Cette fois, l’effort s’organise dans le temps très court de l’urgence. La campagne nationale a d’ailleurs été annoncée avant la future loi Grand âge et autonomie.
Pas la première campagne
Par le passé, et plus particulièrement en 2017, Marisol Touraine alors ministre des Affaires sociales et de la Santé sous la présidence de François Hollande a aussi mené campagne pour encourager les recrutements dans le secteur médico-social. L’action « Aider les autres, c’est mon métier », ciblait tout particulièrement les professionnels de l’aide à domicile et s’inscrivait alors dans la foulée de la loi d’adaptation de la société au vieillissement promulguée fin 2015. Les objectifs poursuivis — en dehors de ceux liés à la crise sanitaire — étaient sensiblement les mêmes qu’aujourd’hui (lire l’article HOSPIMEDIA). « Il est essentiel de faire la promotion de ces métiers au regard des enjeux sociétaux que recouvre le vieillissement de la population et des enjeux économiques induits par la structuration et le développement de la Silver économie« , préconisait le Gouvernement sans sa communication diffusée par les ARS.
Dernières évolutions réglementaires
La loi du 17 juin dernier a, parmi ses diverses dispositions liées à la gestion du Covid-19, réorganisé dans son article 52 le prêt de main-d’œuvre. L’entreprise bénéficiaire doit ainsi relever de secteurs d’activités particulièrement nécessaires à la sécurité de la nation et à la continuité de la vie économique et sociale déterminés. Par décret publié au Journal officiel du 31 octobre, les services et établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux font donc partie temporairement des secteurs autorisés le temps de la crise à effectuer des prêts de ressources humaines. Ces opérations ne doivent pas avoir de but lucratif pour les entreprises utilisatrices. Des exceptions existent toutefois.
Le Gouvernement a ainsi encouragé la mobilisation de missions de service civique en établissements sociaux et médico-sociaux dans la continuité des annonces du plan de relance avec comme objectifs 100 000 missions supplémentaires d’ici 2021 dont déjà 20 000 pour fin 2020. Dans une note d’information, le Synerpa souligne que le ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion est à la recherche de témoignages de chefs d’entreprises et/ou de maîtres d’apprentissage dans les secteurs sanitaire, médico-social, aide à domicile et services à la personne dans le cadre du plan de relance de l’apprentissage. Ce dispositif est également de longue date considéré comme sous-utilisé par le secteur. L’effort demandé sera interministériel.
Système D
Concrètement, la question des remplacements de personnel qualifié dans les Ehpad où des clusters ont pu se développer, se révèle être une problématique sensible et sur laquelle les acteurs du secteur n’ont pas hésité à s’exprimer depuis le début de la crise. Dans un communiqué du 29 octobre, l’ARS Occitanie évoque par exemple le cas de l’Ehpad l’Oustal à Narbonne (Aude). À cette date, 60 résidents et 10 professionnels de santé avaient été testés Covid-19 positifs. Pour faire face, l’établissement a eu recours à la mobilisation des équipes en place et aussi à l’entraide et la solidarité manifestée par les établissements sanitaires et professionnels de santé de Narbonne venus en aide à l’Ehpad, rapporte l’ARS. Une situation que connaissent encore ou ont connu de nombreux établissements. Au 9 novembre, Santé publique France a en effet recensé 1 314 clusters en cours d’investigation en Ehpad.
Outre les appels à la solidarité nationale sur les plateformes gouvernementales, certains départements comme l’Indre ont pris la main et lancé des appels pour compléter les effectifs de leurs établissements médico-sociaux. Dès le 23 mars, un appel à population a été lancé par le conseil départemental et a été relancé depuis sur les réseaux sociaux (lire l’article HOSPIMEDIA).
La formation également sollicitée
Si les professionnels ne sont pas au rendez-vous des différents appels à candidatures lancés, une autre solution consistant à former de nouveaux professionnels dédiés au secteur est de plus en plus avancée. Et cela parfois avec le partenariat de spécialistes des recrutements comme Pôle emploi. La formation classique d’aide-soignant ou d’infirmier est une réponse à long terme. À court terme, des formations plus courtes d’autres acteurs du grand âge se développent. C’est le cas par exemple du métier d’accompagnant en gérontologie avec trois mois d’enseignement. Des sessions expérimentales ont débuté en 2019 en Occitanie souligne dans un dossier de presse commun les partenaires du projet (Synerpa, Pôle emploi, Croix-Rouge française et le groupement d’établissements Greta, lire l’article HOSPIMEDIA). Le projet conçu dans un contexte de pénurie de personnel a voulu créer un niveau intermédiaire. « Cette formation constitue un premier bloc de compétences vers le diplôme d’aide-soignant et les autres métiers du médico-social« , soulignent les partenaires. Cette formation de niveau 5 compte 294 heures de théorie et 384 heures de pratique. Une option permis de conduire de 87 heures supplémentaires est également proposée. Pour l’expérimentation, 4 sessions (70 stagiaires) ont été organisées et les taux de retour à l’emploi atteignent en moyenne 85%. Une demande de certification est actuellement en cours. Reste qu’il s’agit de nouveaux emplois liés aux fonctions d’entretien et de continuité de la vie sociale des âgés qui s’inscrivent en complément des équipes traditionnelles.
Derrière tous ces dispositifs, se retrouve finalement l’enjeu de l’attractivité et de l’image des métiers du grand âge. Une question sociale, culturelle et aussi économique.
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