Un an après son premier plan Santé au travail, la fonction publique se dote d’un plan d’accompagnement des maladies chroniques. Au menu : sensibilisation aux dispositifs existants, soutien accru des proches aidants, renforcement de la prévention.
À l’occasion d’un déplacement ce 1er juin à l’hôpital Cochin à Paris (14e arrondissement), qui relève de l’Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP), le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Stanislas Guerini, a lancé un plan d’accompagnement des maladies chroniques dans chacun des trois versants, dont la fonction publique hospitalière. S’il est difficile de disposer d’éléments statistiques propres au secteur public, il n’en reste pas moins qu’un Français sur cinq serait atteint d’une maladie chronique et plus de 3 millions de personnes vivent aujourd’hui en France avec un cancer ou en ont guéri. Dans le même temps chaque jour, 1 000 personnes apprennent qu’elles ont un cancer et 400 sont des personnes en emploi, or 50% des travailleurs atteints de cancer n’osent pas en parler à leur employeur… Au vu de ces éléments chiffrés, qui n’épargnent pas la fonction publique, le ministère a retenu trois axes d’actions.
Scinder le congé de proche aidant
Un peu plus d’un an après le premier plan Santé au travail dans la fonction publique, le premier volet se focalise sur l’accompagnement des agents, « afin qu’ils connaissent et puissent mieux bénéficier des dispositifs existants ». Cela passe par une meilleure communication « car il existe de nombreux dispositifs dont ne s’emparent pas assez encore les agents concernés« . C’est le cas pour la surveillance médicale particulière par le médecin du travail, l’aménagement horaire ou celui du poste de travail, le télétravail ou encore l’accompagnement vers un changement de métier. Dans cette optique, La Ligue contre le cancer va déployer sur sa plateforme un espace dédié à la fonction publique, auquel se greffera à la rentrée la diffusion d’un « guide d’accompagnement des maladies chroniques dans la fonction publique« . Le plan insiste également sur l’amélioration de la protection des agents en arrêt long pour maladie.
Par ailleurs, cette mobilisation interfonction publique en faveur des maladies chroniques repose sur l’accompagnement des proches aidants*, entre autres par le fractionnement du congé ad hoc, dont la durée est se limite à trois mois maximum renouvelables dans la limite d’un an sur l’ensemble de la carrière. À l’instar de ce qui existe déjà dans le privé, l’objectif est d’y adjoindre « plus de flexibilité avec la possibilité de poser une demi-journée plutôt qu’une journée entière comme c’est encore le cas obligatoirement aujourd’hui, ce qui est désincitatif pour les agents publics« . En parallèle, il est prévu d’étendre et faire connaître le don de jour de congés aux aidants, jusqu’à présent « encore très confidentiel« . Enfin, le troisième aspect du plan pousse à renforcer la prévention des maladies chroniques. Stanislas Guerini compte ainsi « renforcer les actions de prévention ciblées en milieu professionnel« , incitant les ministères à mettre en place des actions ciblées sur les pathologies les plus fréquentes dans leurs secteurs. Ce travail cible également les administrations des trois versants à travers des dépistages préventifs sur le diabète, de la prévention sur les pathologies cardiovasculaires ou bucco-dentaires, ainsi que de la prévention autour de la santé mentale.
Adopter une approche évolutive
Comme l’ont expliqué au ministre plusieurs intervenants hospitaliers, il s’agit de faire bouger les lignes sur un domaine, les maladies chroniques, extrêmement protéiforme, très figé dans son approche, qui manque parfois d’empathie et aux enjeux encore trop méconnus. Ce besoin d’une vision évolutive vaut par exemple pour la liste des maladies reconnues comme maladies professionnelles. Pour citer un praticien de Cochin, « la grande masse des malades ne l’est pas de manière sévère mais pour autant ces derniers sont lourdement handicapés dans leur ancrage quotidien et donc leur vie professionnelle« . En lien avec les services de santé au travail, les démarches à entreprendre doivent sensibiliser les directions à ces problématiques d’accompagnement et de soutien mais aussi les premiers intéressés, les malades, sur des sujets qu’ils hésitent à aborder par honte, gêne et crainte de pénaliser leur parcours professionnel.
Une charte contre la stigmatisation du cancer au travail
Ce déplacement à l’hôpital Cochin a justement permis à Stanislas Guerini de signer la charte Working with cancer. Initiative lancée cet hiver par la fondation Publicis, elle entend « en finir avec la stigmatisation et le sentiment d’insécurité que vivent les malades du cancer dans l’entreprise ». L’objectif est de leur proposer « une culture plus ouverte et plus solidaire », afin que « leur seule priorité soit leur rétablissement ».
* Dans l’ensemble, le nombre de proches aidants approche aujourd’hui les 11 millions, soit un Français sur cinq.
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