La très attendue primo-prescription des infirmiers en pratique avancée est officialisée

capture-decran-2016-12-02-a-16-10-06Publié le 30.04.2025 par Clémence Nayrac
Article Hospimedia

Le consensus aura mis de longs mois à être trouvé. Ce 30 avril, les infirmiers en pratique avancée saluent une avancée majeure avec la parution de l’arrêté contenant la liste de leurs primo-prescriptions. Un premier pas qui en appelle d’autres pour les infirmiers. Mais déjà la sécurisation de l’exercice inquiète.

Dans une lettre aux tutelles diffusée mi-mars sur les réseaux sociaux, la Société française de recherche des infirmiers en pratique avancée a alerté sur l’urgence de publier ce texte, pourtant dans les tuyaux depuis juillet 2024. Fruit de longs mois de concertation, l’arrêté fixant les listes de primo-prescription de l’infirmier en pratique avancée (IPA) — attendu dans le cadre du décret du 20 janvier 2025, lui-même issu de la loi visant à améliorer l’accès aux soins par la confiance aux professionnels de santé, dite loi Rist 2 — est paru au Journal officiel ce 30 avril. Cet arrêté permet désormais aux IPA, dans un cadre structuré, c’est-à-dire en exercice coordonné ou établissement de santé, d’initier une prescription dès le premier contact avec le patient. Ce texte propose en annexe d’une part la liste des produits et prestations de santé pour lesquels aucun diagnostic médical ne sera requis, conformément au décret sur l’accès direct aux IPA, et d’autre part ceux pour lesquels un diagnostic sera requis. Une « avancée majeure » pour la profession.

Un « signal fort » pour la profession

Dans un communiqué diffusé ce 30 avril, l’Union nationale des infirmiers en pratique avancée (Unipa) se félicite de cette publication, que le syndicat voit comme « un signal fort » envoyé aux IPA. « Il ne s’agit pas d’une autonomie déconnectée mais d’une pratique avancée assumée« , écrit l’Unipa. À son sens, cette publication constitue « une première étape« , qui doit ouvrir la voie à un travail de fond pour élargir et affiner les listes de produits et prestations concernés. Une volonté partagée avec l’Association nationale française des infirmiers en pratique avancée (Anfipa). Contactée par Hospimedia, sa présidente Perrine Boursin se réjouit de « ce moment important, qui marque un grand changement » pour la profession et le système de santé. « Aux IPA de s’emparer de ce texte, qui permet de faire le lien entre les besoins du terrain et le cadre réglementaire« , explique-t-elle. À ses yeux aussi, il s’agit là d’un premier pas qui en appelle d’autres. « Ce texte donne par exemple aux IPA la possibilité de remplir des bons de transport mais pas les dossiers de demande de reconnaissance auprès des maisons départementales des personnes handicapés car cela nécessite un changement législatif« , illustre la présidente de l’Anfipa. Les IPA espèrent par conséquent que la future loi infirmière fera encore bouger les lignes de la primo-prescription. La profession salue unanimement une publication « symbolique » à la forme d’une marque de « confiance« .

Des inquiétudes sur la sécurisation de l’exercice

Il est vrai que le chemin jusqu’à cette publication a été long et source de débats, jusqu’au sein des instances consultatives. Le Haut Conseil des professions paramédicales (HCPP) a d’ailleurs émis un avis défavorable sur la version du texte qu’elle a examinée mi-avril. La primo-prescription, pour son renouvellement, s’effectuera avec « une concertation médicale« . Les IPA y voient « une dynamique collective, où chacun apporte sa pierre à l’édifice de la santé publique ». « L’IPA continuera, comme il le fait déjà, d’informer de ses actions, en étroite collaboration avec les médecins, dans une logique de complémentarité des compétences« , souligne de son côté l’Unipa.

Cependant, cette notion a fait l’objet de nombreux désaccords. Le HCPP, s’il a rejeté le projet d’arrêté, a adopté plusieurs amendements, portés par la CFDT et l’Unsa, visant notamment à faire évoluer cette formulation. « Les amendements déposés par la CFDT visaient à sécuriser davantage l’exercice IPA. Nous sommes favorables à la primo-prescription des IPA mais inquiets quant aux conséquences de la formulation de l’arrêté pour les infirmiers« , indique à Hospimedia Romuald Foltz, secrétaire fédéral de la CFDT Santé sociaux et membre du haut conseil. La proposition de l’Unsa, également adoptée, visait quant à elle à retirer de la liste la prescription de gaz à visée antalgique. Son représentant, Laurent Philippe, accueille cette publication en demi-teinte. « L’Unsa a voté en faveur de cet arrêté et accompagne les IPA. Cependant il n’est pas entendable que les IPA soient en première ligne, avant que le patient ne soit vu par un médecin« , précise-t-il à Hospimedia.

Face aux réticences, émanant notamment du monde médical, les IPA appellent à la cohésion. « Cela peut-être un bouleversement pour certains, nous devons travailler tous ensemble pour transformer nos organisations pour la santé de l’ensemble de la population »conclut Perrine Boursin. C’est également le sens du message diffusé ce 30 avril sur les réseaux sociaux par le ministre en charge de la Santé et de l’Accès aux soins. Yannick Neuder se félicite de cette « avancée fondamentale qui s’inscrit pleinement dans le cadre du pacte de lutte contre les déserts médicaux » et « qui reflète la capacité de nos professionnels de santé à unir leurs forces pour faire progresser le système de santé avec lucidité, méthode et responsabilité« .

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