Dans les établissements publics de santé, sociaux et médico-sociaux, la participation de l’employeur pour l’adhésion à une protection sociale complémentaire est repoussée de deux ans. Ce décalage inscrit au PLFSS 2026 ne surprend pas mais irrite.
La « meilleure option » possible
Dans un message laconique, l’article 23 la reporte du 1er janvier 2026 au 1er janvier 2028 dans les établissements publics de santé, sociaux et médico-sociaux, contrairement à l’État et la Territoriale où le dispositif se déploie peu à peu depuis déjà quelques mois. Dans le privé, la mutuelle d’entreprise obligatoire s’applique depuis 2013. Preuve que plus personne ne croyait à l’effectivité de la date butoir initiale côté hospitalier : aucune réunion de travail n’a encore véritablement eu lieu entre la DGOS et les partenaires sociaux. Une première séance a été un temps prévue le 3 décembre, soit vingt-huit jours avant la date fatidique, avant d’être finalement accélérée à début septembre mais les soubresauts politiques de la rentrée ont eu raison du calendrier (lire l’article Hospimedia).
Comme l’explique l’exécutif dans l’étude d’impact annexée au PLFSS, une autre « option » était possible. Elle impliquait qu’il détermine « unilatéralement » par décret le panier de soins minimal à appliquer dans le versant hospitalier « en laissant à chaque établissement la possibilité de négocier un accord au niveau local« . Problème : cela conduirait « la mise en place d’une forme de concurrence entre les établissements de santé, qui serait préjudiciable à la bonne allocation des ressources humaines sur un territoire en matière de santé« . Ce constat posé, le décalage dans le temps s’avère donc « la meilleure option« . Cela permettra d’ici 2028 « d’obtenir un mandat pour cette négociation, afin de proposer une complémentaire santé adaptée au besoin […], répondant aux attentes des agents et leur garantissant une protection accrue pour couvrir les frais occasionnés par une maternité, une maladie ou un accident« . En particulier côté hospitalier où le personnel féminin représente 78% des effectifs, « l’amélioration de la couverture santé des agents aurait un impact positif sur la santé des femmes » (lire l’article Hospimedia).
Une « trahison » des engagements
Ce report n’est en tout cas pas du goût de FO Santé qui, par communiqué, y voit une « trahison » de la parole politique. « Cette décision est incompréhensible, injuste et dénigre les hospitaliers« , dénonce le syndicat. Elle est « triplement inacceptable » car elle laisse la responsabilité du dispositif à une autre majorité présidentielle en 2027, elle « met de côté la santé des agents hospitaliers, qui était soi-disant une priorité pour le Gouvernement » et, enfin, elle laisse les personnels « sans participation du reste à charge sur les frais de santé« . Or ce « nouveau coup de couteau dans le dos amputera immédiatement leur pouvoir d’achat« . De leur côté, les pouvoirs publics ne précisent pas l’impact financier à prévoir pour 2026 et 2027 en sachant qu’en 2021, la FHF a évalué le coût du dispositif aux alentours des 300 à 400 millions d’euros par an.
Pour sa part, la FHF a indiqué ce 15 octobre à Hospimedia prendre acte de ce décalage calendaire, qui « suscite naturellement des interrogations« . Pour autant, « si cette période supplémentaire de deux ans peut paraître longue […], elle doit permettre de préparer une mise en œuvre maîtrisée et soutenable« , souligne la fédération. En effet, le dimensionnement de la participation des employeurs nécessite « une évaluation prévisionnelle précise des coûts et surtout des engagements fermes des pouvoirs publics« . Objectif : faire en sorte que cet investissement soit « intégralement compensé » dès le 1er janvier 2028. D’ici-là, la FHF promet de rester mobilisée pour participer à une concertation garantissant « une entrée en vigueur réussie et équitable de cette réforme d’ampleur, essentielle pour renforcer durablement l’attractivité des établissements et améliorer la santé de 1,2 million d’agents publics« .
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