La pauvreté du Ségur en matière médico-sociale reporte les espoirs vers la loi grand âge

capture-decran-2016-12-02-a-16-10-06Publié le 24.07.2020 par Agathe MORET
Article Hospimedia

Malgré de nombreuses mesures transversales en faveur des liens ville-hôpital-médico-social, les acteurs du grand âge et du handicap se sentent oubliés. Et pour cause, deux mesures seulement les ciblent directement. Réactions du secteur.

Le Ségur de la santé a livré ses conclusions, avec la présentation, le 21 juillet dernier, d’un rapport dédié. Trente-trois propositions, parmi lesquelles deux ciblent spécifiquement le secteur des personnes âgées et en situation de handicap. Malgré l’omniprésence de la question du décloisonnement et du parcours ville-hôpital-médico-social, d’aucuns arguent que la montagne a accouché d’une souris.

Un petit pas et de grands oubliés

Liberté, souplesse, pouvoir d’initiative, reconnaissance du secteur… De la FHF à la Fehap en passant par l’AD-PA, nombreuses sont les fédérations à saluer les principales orientations du Ségur et à louer le « premier pas » réalisé pour répondre à l’enjeu de valorisation des métiers. Alors que la FHF se satisfait des annonces « très positives » confortant « la nécessité d’une gouvernance conjointe de l’hôpital et du médico-social » au travers de la pérennisation des astreintes sanitaires, du renforcement des équipes mobiles de gériatrie et des astreintes infirmières de nuit, ou encore de l’hospitalisation directe, la Fehap salue de son côté dans un communiqué des mesures « de bon sens » qui « appellent à des changements structurels d’envergure ». Pour les « oubliés du Ségur que sont les secteurs du domicile et du handicap », il faudra par contre repasser.

Saluant la prise en compte du non lucratif dans les revalorisations salariales, l’Uniopss trouve à son tour au Ségur un goût d’inachevé, voire même de léger réchauffé. « Certaines intentions, pour la plupart déjà inscrites dans la stratégie nationale de santé de 2017 et dans Ma Santé 2022, nécessitent d’être aujourd’hui transformées en mesures opérationnelles et traduites dans les lois de finances et de financement de la sécurité sociale », souligne-t-elle. Elle évoque le développement des structures d’exercices coordonnés comme les lits haltes soins santé et les centres de santé. Quant aux 600 millions d’euros (M€) alloués aux services sociaux et médico-sociaux pour la stratégie numérique ? La mesure, estime l’Agence du numérique en santé, devrait « donner une impulsion déterminante à la modernisation » des établissements. Celle-ci gagnerait cependant, pour l’Uniopss, à être élargie au-delà du secteur de l’âge et du handicap pour englober l’ensemble des structures sociales et médico-sociales. L’union, qui déplore au passage le vide autour de la prévention et la promotion de la santé, attend donc elle aussi davantage.

Les espoirs se tournent vers la loi Grand âge

Sans grande surprise, les acteurs appellent donc à assurer « une réforme ambitieuse dans le cadre du futur projet de loi Grand âge et autonomie ». Le hic pour la Fehap : à ce jour, « aucune garantie concrète n’a été apportée » sur le traitement de ces secteurs dans le futur texte, dont le calendrier et le contenu restent à ce stade toujours inconnu.

L’occasion pour les associations et fédérations d’y aller une fois de plus de leurs propositions. L’AD-PA recommande notamment à ce titre la création d’un « vrai système de compensation des vulnérabilités permettant d’augmenter le nombre de professionnels à domicile et en établissement » ainsi que l’évolution « de tous les établissements volontaires en domiciles ».

Déplorant quant à elle une ambition « encore trop faible » sur le financement de la perte d’autonomie, la Fehap rappelle qu’au moins 10 millions d’euros seront nécessaires dès 2024. À ce stade, seuls 2,1 Md€ ont été attribués aux Ehpad dans le cadre du Ségur, — « notoirement insuffisant », rappelle l’AD-PA — et 1 Md€ a été promis par le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, pour 2021, sans que les sources de financement n’aient encore été arrêtées. Bien décidée à « mener le combat pour faire vivre le social, le médico-social et le domicile aux côtés du sanitaire », la fédération d’employeurs Nexem promet de « [maintenir] une pression et un lobbying constants pour imposer la place et le rôle du social, du médico-social et du domicile » dans les futurs processus décisionnels.

Quinze fédérations écrivent à Jean Castex

Dans un courrier commun daté du 20 juillet, quinze fédérations du secteur du grand âge, du handicap et du domicile appellent le Premier ministre, Jean Castex, à construire un « monde d’après » où la santé sera envisagée « dans son acception globale ». Si elles saluent les accords relatifs à la valorisation et à la reconnaissance des professionnels soignants des Ehpad et de l’hôpital, elles invitent à pousser plus loin les mesures de revalorisation et d’attractivité des métiers, au risque de voir apparaître « un secteur de santé à deux vitesses ». « Il semble indispensable de considérer que les mécanismes de revalorisation salariale et plus globalement d’attractivité des métiers concernent l’ensemble des professionnels du soin et de l’accompagnement exerçant leurs fonctions dans l’ensemble des établissements et services sociaux et médico-sociaux, sans considération de statut public ou privé et de nature de financement ». Et de plaider la cause des aides-soignants, des accompagnants éducatifs et sociaux. Dans ce contexte, les signataires demandent à ce que soit engagé « sans délai » un travail collectif sur l’attractivité des métiers non pris dans en compte dans le Ségur de la santé, travail dont les conclusions seraient prises en compte dans le cadre de loi Grand Âge et Autonomie.

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