La mission mains propres continue en 2021 en se concentrant sur les professionnels de santé. Les résultats de l’audit national sur la friction hydroalcoolique en 2019 montrent par exemple un axe d’amélioration avant de toucher un patient pour un examen ou un soin.
Le 5 mai prochain, comme chaque année, sera la journée mondiale de l’hygiène des mains. Le slogan choisi par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est : « Quelques secondes pour sauver des vies, nettoyez vos mains ! » En 2021, année désignée « des professionnels de santé » et après le tournant de 2020 lié au Covid-19, la campagne se concentre sur l’hygiène des mains au moment du soin, au-delà du contexte de crise. En France, le ministère des Solidarités et de la Santé, Santé publique France et la mission nationale d’appui transversal pour la prévention des infections associées aux soins (Matis) ont ciblé l’opération sous le vocable « Les professionnels de santé s’engagent pour leurs patients et la prévention des infections associées aux soins ». En établissement de santé ou médico-social, au sein des équipes médicales et paramédicales… l’objectif consiste à dégager localement des actions d’amélioration, au moins une, et à valoriser ce travail d’équipe en interne et en externe. Divers outils sont pour cela à la disposition des structures et professionnels. Et à l’issue de la campagne, trois équipes seront mises en exergue.
Poursuivre les actions de sensibilisation
Les chiffres détaillés de l’audit national Pulpe-friction, lancé en mai 2019 et dont les premiers résultats ont été dévoilés quelques mois plus tard (lire les articles HOSPIMEDIA ici et là), montrent l’intérêt de poursuivre l’action. Mi-mars, le détail de ces travaux a été en effet publié par la mission Matis et il en résulte notamment un besoin de sensibilisation à l’importance de la friction hydroalcoolique avant de toucher un patient pour un examen ou un soin. L’organisation poursuivra aussi les actions de sensibilisation auprès des professionnels sous-estimant le risque de transmission dans leur pratique quotidienne, à travers la mise à disposition de divers outils (boîte à outils Péril fécal, e-learning et vidéo, campagne fluo…). Elle mettra en outre en avant les argumentaires scientifiques relatifs à la non-nocivité des produits et à leur efficacité, tout comme elle combattra encore les fausses informations. La mission invite aussi les décideurs des structures à tester les produits auprès des utilisateurs avant de valider les marchés concernés. Et d’interpeller enfin les industriels pour les engager à recueillir régulièrement le degré de satisfaction des utilisateurs afin d’améliorer la composition des solutions.
Des disparités selon l’acte
Les résultats de l’audit présentés correspondent aux données saisies par 307 établissements du 1er janvier 2019 au 31 décembre 2019, dont 274 établissements de santé et 33 établissements médico-sociaux. Il ne s’agit ni d’un audit d’observation ni d’une auto-évaluation mais d’un diagnostic d’équipe basé sur l’échange et le partenariat entre enquêteur et professionnel via un court entretien individuel de moins de dix questions. Ainsi 16 285 professionnels de santé ont été interrogés, dont 1 657 médicaux. Tous métiers confondus, la part de friction hydroalcoolique dans l’hygiène des mains déclarée par les professionnels de santé était de 62% (donc 38% des moments d’hygiène des mains étaient réalisés par lavage au savon et à l’eau). La médiane affiche 70% chez les médicaux et 60% chez les paramédicaux.
Toutes situations confondues, la désinfection des mains par friction avec un produit hydroalcoolique était déclarée dans 80% des cas en moyenne. Selon l’acte, il existe donc des disparités. La meilleure observance concerne la pose d’un dispositif invasif (à 94% réalisée avant l’acte). Après avoir touché le patient, la friction est également bien réalisée (à 84%). Deux situations sont par contre moins sujettes à friction : avant de toucher le patient pour un examen ou un soin (71%) et après avoir touché l’environnement proche du patient (c’est-à-dire lit, table de chevet ou adaptable, 76%). Globalement les observances déclarées sont similaires entre établissements de santé et médico-sociaux et entre professionnels médicaux et paramédicaux mais elles varient selon la spécialité.
Des craintes persistantes
L’idée de l’audit est certes d’évaluer les pratiques actuelles en milieu de soins mais aussi d’évaluer les freins et éléments socio-psychologiques permettant aux équipes d’adapter leurs choix d’actions. Les promoteurs identifient alors en 2019 trois premiers freins à la friction hydroalcoolique :
- le caractère inconfortable ou désagréable du produit (cité par 37,4% des répondants) ;
- le crainte de la nocivité du produit (citée par 37,2%) ;
- le fait de considérer ses gestes professionnels comme non à risque (cité par 34,4%).
Ce travail permet aussi de répartir les professionnels dans les trois stades de changement : s’ils n’ont pas pris conscience du risque, s’ils témoignent de leur hésitation et s’ils ont des difficultés dans la mise en œuvre de la friction elle-même.
Les résultats de cet audit n’ont été exploités que pour la première session réalisée par les services. Une étude sur l’évolution des pratiques entre deux sessions sera réalisée ultérieurement via une cohorte de service, précisent les promoteurs. De même, ils estiment que des actions pourront être menées au niveau des territoires, afin de mettre à profit certaines spécificités régionales en termes de formation et de sensibilisation.
Pousser plus d’information à l’usager
Un éclairage complémentaire est apporté par l’analyse de l’expérience patient. 163 établissements ont participé (dont 154 établissements de santé) pour 5 299 témoignages de patients ou résidents. La fréquence moyenne à laquelle ceux-ci déclarent avoir vu les professionnels réaliser une friction avant de les toucher pour faire un examen ou un soin était de 76%, sachant que l’importance accordée à ce geste atteint 90%. À noter qu’ils ne sont que 36% à déclarer avoir reçu une information dans le cadre de leur séjour sur les moments où eux-mêmes devraient s’adonner à une hygiène des mains. Fort de ce constat, la mission Matis incite à fournir davantage d’informations au grand public sur les modalités de réalisation de cet acte lors d’une hospitalisation ou lorsqu’il réside en structure médico-sociale.
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Le 5 mai prochain, comme chaque année, sera la journée mondiale de l’hygiène des mains. Le slogan choisi par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est : « Quelques secondes pour sauver des vies, nettoyez vos mains ! » En 2021, année désignée « des professionnels de santé » et après le tournant de 2020 lié au Covid-19, la campagne se concentre sur l’hygiène des mains au moment du soin, au-delà du contexte de crise. En France, le ministère des Solidarités et de la Santé, Santé publique France et la mission nationale d’appui transversal pour la prévention des infections associées aux soins (Matis) ont ciblé l’opération sous le vocable « Les professionnels de santé s’engagent pour leurs patients et la prévention des infections associées aux soins ». En établissement de santé ou médico-social, au sein des équipes médicales et paramédicales… l’objectif consiste à dégager localement des actions d’amélioration, au moins une, et à valoriser ce travail d’équipe en interne et en externe. Divers outils sont pour cela à la disposition des structures et professionnels. Et à l’issue de la campagne, trois équipes seront mises en exergue.
Poursuivre les actions de sensibilisation
Les chiffres détaillés de l’audit national Pulpe-friction, lancé en mai 2019 et dont les premiers résultats ont été dévoilés quelques mois plus tard (lire les articles HOSPIMEDIA ici et là), montrent l’intérêt de poursuivre l’action. Mi-mars, le détail de ces travaux a été en effet publié par la mission Matis et il en résulte notamment un besoin de sensibilisation à l’importance de la friction hydroalcoolique avant de toucher un patient pour un examen ou un soin. L’organisation poursuivra aussi les actions de sensibilisation auprès des professionnels sous-estimant le risque de transmission dans leur pratique quotidienne, à travers la mise à disposition de divers outils (boîte à outils Péril fécal, e-learning et vidéo, campagne fluo…). Elle mettra en outre en avant les argumentaires scientifiques relatifs à la non-nocivité des produits et à leur efficacité, tout comme elle combattra encore les fausses informations. La mission invite aussi les décideurs des structures à tester les produits auprès des utilisateurs avant de valider les marchés concernés. Et d’interpeller enfin les industriels pour les engager à recueillir régulièrement le degré de satisfaction des utilisateurs afin d’améliorer la composition des solutions.
Des disparités selon l’acte
Les résultats de l’audit présentés correspondent aux données saisies par 307 établissements du 1er janvier 2019 au 31 décembre 2019, dont 274 établissements de santé et 33 établissements médico-sociaux. Il ne s’agit ni d’un audit d’observation ni d’une auto-évaluation mais d’un diagnostic d’équipe basé sur l’échange et le partenariat entre enquêteur et professionnel via un court entretien individuel de moins de dix questions. Ainsi 16 285 professionnels de santé ont été interrogés, dont 1 657 médicaux. Tous métiers confondus, la part de friction hydroalcoolique dans l’hygiène des mains déclarée par les professionnels de santé était de 62% (donc 38% des moments d’hygiène des mains étaient réalisés par lavage au savon et à l’eau). La médiane affiche 70% chez les médicaux et 60% chez les paramédicaux.
Toutes situations confondues, la désinfection des mains par friction avec un produit hydroalcoolique était déclarée dans 80% des cas en moyenne. Selon l’acte, il existe donc des disparités. La meilleure observance concerne la pose d’un dispositif invasif (à 94% réalisée avant l’acte). Après avoir touché le patient, la friction est également bien réalisée (à 84%). Deux situations sont par contre moins sujettes à friction : avant de toucher le patient pour un examen ou un soin (71%) et après avoir touché l’environnement proche du patient (c’est-à-dire lit, table de chevet ou adaptable, 76%). Globalement les observances déclarées sont similaires entre établissements de santé et médico-sociaux et entre professionnels médicaux et paramédicaux mais elles varient selon la spécialité.
Des craintes persistantes
L’idée de l’audit est certes d’évaluer les pratiques actuelles en milieu de soins mais aussi d’évaluer les freins et éléments socio-psychologiques permettant aux équipes d’adapter leurs choix d’actions. Les promoteurs identifient alors en 2019 trois premiers freins à la friction hydroalcoolique :
- le caractère inconfortable ou désagréable du produit (cité par 37,4% des répondants) ;
- le crainte de la nocivité du produit (citée par 37,2%) ;
- le fait de considérer ses gestes professionnels comme non à risque (cité par 34,4%).
Ce travail permet aussi de répartir les professionnels dans les trois stades de changement : s’ils n’ont pas pris conscience du risque, s’ils témoignent de leur hésitation et s’ils ont des difficultés dans la mise en œuvre de la friction elle-même.
Les résultats de cet audit n’ont été exploités que pour la première session réalisée par les services. Une étude sur l’évolution des pratiques entre deux sessions sera réalisée ultérieurement via une cohorte de service, précisent les promoteurs. De même, ils estiment que des actions pourront être menées au niveau des territoires, afin de mettre à profit certaines spécificités régionales en termes de formation et de sensibilisation.
Pousser plus d’information à l’usager
Un éclairage complémentaire est apporté par l’analyse de l’expérience patient. 163 établissements ont participé (dont 154 établissements de santé) pour 5 299 témoignages de patients ou résidents. La fréquence moyenne à laquelle ceux-ci déclarent avoir vu les professionnels réaliser une friction avant de les toucher pour faire un examen ou un soin était de 76%, sachant que l’importance accordée à ce geste atteint 90%. À noter qu’ils ne sont que 36% à déclarer avoir reçu une information dans le cadre de leur séjour sur les moments où eux-mêmes devraient s’adonner à une hygiène des mains. Fort de ce constat, la mission Matis incite à fournir davantage d’informations au grand public sur les modalités de réalisation de cet acte lors d’une hospitalisation ou lorsqu’il réside en structure médico-sociale.