Dans le secteur de la santé, l’apprentissage a longtemps été un parent pauvre. Jean Castex semble vouloir changer la donne. Un arrêté instaurant la fin des quotas pour l’apprentissage en santé est en cours d’élaboration. La formation d’aides-soignants en particulier se trouve dans le viseur du Gouvernement.
L’annonce de la fin des quotas pour l’apprentissage en santé par le Premier ministre pourrait être un pas décisif pour faire de ce secteur « un moteur de la relance« , selon Lamine Gharbi, président de la Fédération hospitalière de l’hospitalisation privée (FHP). Dans un communiqué, daté du 17 septembre, il salue tout particulièrement la décision du chef du Gouvernement, dévoilée lors de l’inauguration du salon « jeunes d’avenir » il y a quelques jours par le quotidien Le Parisien. La disposition devrait être officialisée par la publication prochaine d’un texte règlementaire. Un arrêté est effectivement en cours de préparation pour officialiser l’abandon des quotas pour l’apprentissage en santé confirme le cabinet du Premier ministre, interrogé par Hospimedia.
Pour autant, le plan de relance de l’économie, porté aussi par Jean Castex fait déjà la part belle à l’apprentissage. « il n’a jamais été aussi simple et peu coûteux d’embaucher un apprenti » déclare-t-il sur les réseaux sociaux le même jour où il annonçait la fin des quotas pour les apprentis en santé. De son côté, Lamine Gharbi avance que « seuls 900 apprentis travaillent dans le secteur sanitaire privé, alors que nous pourrions former en apprentissage entre 4 000 et 5 000 personnes« .
Pour Virginie Schlier, présidente du Syndicat national des professionnels Infirmiers (SNPI) CFE-CGC, la problématique des quotas des formations de santé en apprentissage se limiterait aux aides-soignants. Les infirmiers ne seraient pas concernés. Elle dénonce donc « de la part du Gouvernement un nouvel effet d’annonce en parlant d’apprentissage en santé« . Pour elle, la disparition de ces quotas n’aura qu’un effet limité. Elle estime que cela ne suffira pas à répondre aux difficultés du secteur et à la pénurie de professionnels dénoncé entre autres dans le rapport de Myriam El Khomri. « La question de l’attractivité des métiers soignants et tout particulièrement ceux du grand âge ne date pas d’hier » ajoute-t-elle.
Des terrains de stages problématiques
L’apprentissage, mis en avant par le Gouvernement comme « la solution » est un dispositif qui a ses limites. « Certes il est facile de créer des centres de formations pour apprentis mais encore faut-il trouver les candidats pour les formations et aussi les terrains de stage« , déplore-t-elle. Les établissements semblent encore très frileux pour s’engager dans l’apprentissage infirmier. À l’institut de formation en soins infirmiers (Ifsi) de Colmar (Haut-Rhin) seulement deux étudiants ont obtenu leur diplôme via l’apprentissage sur une promotion de 135 au total.
En ce qui concerne les formations d’aides-soignants, elle pense que si l’abandon des quotas encourage les recrutements cela risque aussi de réduire le nombre de terrains de stages pour les étudiants en formation classique.
Un dispositif attendu
A contrario Brigitte Sifferlen, trésorière du Comité d’entente des formations infirmières et cadres (Cefiec) semble confiante et qualifie l’abandon des quotas de « bonne initiative« . Elle indique que sans attendre les déclarations de Jean Castex, certaines régions ont d’ores et déjà revu leurs quotas de formation d’aides-soignants à la hausse. Pour autant, il ne faut pas oublier de valoriser plus globalement à l’avenir les formations paramédicales et surtout ne pas opposer les différents modèles.
Un point de vue que partage aussi Alice Casagrande, directrice de la formation, de l’innovation et de la vie associative à la Fehap. Elle considère que « la fin des quotas devrait encourager la diversification nécessaire de l’offre de formation et permettre aux jeunes d’entrer dans les métiers du soins de toutes les façons et surtout répondre au désir de certains d’être rémunérés pendant leur formation« . Elle rappelle que la Fehap encourage ses adhérents à créer leurs propres centres de formation des apprentis et qu’elle a entrepris un tour de France de la formation professionnelle et de l’apprentissage interrompu par la crise sanitaire. Mais Alice Casagrande témoigne qu’un mouvement en faveur du développement de nouvelles formes d’enseignement est en route.
Nadège Plou, directrice des ressources humaines de Korian France souligne de son côté que son groupe communique actuellement sur sa prévision de 9 000 embauches d’ici 2022 dont plus de la moitié sont des postes d’aides-soignants. « La levée des quotas va donc nous donner la possibilité de former davantage d’aides-soignants par le biais de l’apprentissage et ainsi offrir à des jeunes de moins de 30 ans l’opportunité de suivre cette formation diplômante tout en étant salariés« . Elle ajoute que le nombre de places réservées à ce type de modalités pédagogiques était jusqu’alors contraint à environ 600 places par an.
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