Depuis début janvier, 28 décès directement liés à la coqueluche ont été recensés en France, dont 18 enfants de moins d’un an. Pour réduire le risque de forme grave, la HAS recommande un rappel vaccinal pour tous les professionnels de santé « en contact rapproché » avec des bébés de moins de six mois si leur dernière injection dépasse les cinq ans.
Devant la recrudescence majeure ces derniers mois des cas de coqueluche en France, le CHU d’Angers (Maine-et-Loire) a mis en place début août un dispositif exceptionnel de vaccination pour ses personnels. Non seulement le port du masque est désormais obligatoire dans l’ensemble des services de son pôle femme-mère-enfant pour tous les professionnels de l’établissement intervenant sur ce pôle (comme d’ailleurs aussi les visiteurs) mais des permanences de vaccination leur sont proposées avec le soutien du service de prévention et de santé au travail. Cela concerne précisément les services de gynécologie-obstétrique, de néonatalogie et soins critiques pédiatriques, les spécialités de l’enfant et des urgences, la médecine, la psychiatrie et la chirurgie pédiatriques, précise l’hôpital ligérien dans un communiqué.
Un taux de vaccinés extrêmement disparate
Depuis début janvier, les autorités sanitaires observent en effet une forte augmentation du nombre de contaminations. Dans son dernier bulletin national diffusé le 29 juillet, Santé publique France ne répertorie pas moins de vingt-huit décès depuis début janvier, dont vingt enfants et parmi eux dix-huit sont âgés de moins d’un an et douze de moins de deux mois. Les huit adultes concernés avaient quant à eux entre 51 et 86 ans mais la coqueluche n’était pas indiquée comme première cause de leur décès. À noter que le plus grand nombre de morts a été observé en juillet avec neuf décès (cinq adultes et quatre enfants). Par ailleurs, le nombre de passages aux urgences pour coqueluche reste toujours très élevé. Dans l’ensemble, il a été multiplié par quinze entre début mars et début juillet avant de légèrement diminuer depuis. Même alerte sur le nombre d’hospitalisation après passages aux urgences. Également à la hausse depuis début janvier, il a été multiplié par six sur cette même période avec une augmentation très importante depuis la mi-mai.
Toujours est-il que le CHU angevin suit la recommandation émise mi-juillet par la Haute Autorité de santé (HAS) en faveur d’un rappel vaccinal pour tous les professionnels de santé pouvant être « en contact rapproché » avec des nouveau-nés et nourrissons de moins de six mois si la dernière injection reçue date de plus de cinq ans. Outre ceux opérant en établissement, cela concerne aussi directement leurs collègues de ville ou encore les étudiants*. Il s’agit en premier lieu de « réduire le risque de forme grave chez les nouveau-nés et nourrissons, trop jeunes pour être protégés par leur propre vaccination, laquelle est réalisée à deux et à quatre mois avec un rappel à onze mois« , souligne la HAS. Chez les professionnels de santé, les résultats d’une étude menée dans les établissements de santé en 2019 montraient que leur couverture vaccinale contre la coqueluche n’était que de 53,5%. Ce taux variait selon les catégories, s’établissant à 62% pour les médecins, 70% pour les sages-femmes, 54% pour les infirmiers et 49% pour les aides-soignants. Il grimpait également à 73% en pédiatrie et 62% en gynécologie-obstétrique contre 51% par exemple en réanimation ou en hématologie.
Un rappel théoriquement tous les vingt ans
Théoriquement, les rappels pour les professionnels sont aujourd’hui recommandés tous les vingt ans mais « des études suggèrent que l’efficacité vaccinale s’estomperait rapidement à compter de cinq ans après la dernière dose, devenant insuffisante pour garantir une protection contre l’infection« , écrit la HAS. Par contre, « il n’y a pas lieu de revacciner les personnes éligibles à la vaccination moins de dix ans après une coqueluche documentée« . Toujours est-il que les deux vaccins indiqués chez l’adulte, Boostrixtetra et Repevax, sont combinés avec la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite. Dans l’ensemble, « ils sont bien tolérés« , rappellent les autorités sanitaires, les effets indésirables les plus fréquemment rapportés étant ceux habituellement observés. De plus, « des données montrent une bonne tolérance lors d’administrations répétées tous les cinq ans voire moins« . À noter enfin qu’un délai minimal d’un mois convient d’être respecté pour la réalisation du rappel vaccinal anticoquelucheux pour toute personne ayant reçu récemment un rappel vaccinal contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite ne contenant pas la valence coqueluche.
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